Ce choix peut paraître hyperbolique, il n’en reste pas moins que la menace est réelle. L’Égypte, dont la population exposée à ce risque est la plus grande, est le pays qui, hormis l’Irak et le Yémen, connaît le problème hydrologique le plus existentiel.
![]() Le dessin illustrant le présent article dans le Washington Times. |
Comme tout enfant l’apprend à l’école, l’Égypte est le don du Nil et le Nil est de loin le plus long fleuve du monde. Ce qu’on sait moins, c’est que la majeure partie de son volume, 90 %, provient des hauteurs de l’Éthiopie et que son bassin couvre 11 pays, déversant ses flots impressionnants sur l’Égypte depuis des temps immémoriaux.
LE FIGARO. – Vous voyez les tensions entre musulmans et chrétiens dans les sociétés occidentales comme un ferment de guerre civile. Pourquoi ?
Daniel PIPES. – Le rejet de l’islam ne cesse de monter en Europe et aux États-Unis. Cela a commencé en 1989 avec l’affaire Salman Rushdie au Royaume- Uni, et avec le débat sur le port du foulard en France. Aujourd’hui, les partis politiques qui prospèrent sur le rejet de l’islam représentent partout de 20 % à 30 % de l’opinion. Un consensus prétend que ça va s’arrêter là, mais je ne le crois pas du tout. Ces mouvements peuvent grandir jusqu’à prendre le pouvoir. À chaque attentat, des citoyens changent d’avis sur l’islam. De leur côté, les musulmans se sentent très forts, et ils vont encore étendre leur influence. La guerre civile, vous l’avez déjà de temps en temps – par exemple, lors des émeutes de 2005 dans les banlieues françaises.

Pensez-vous que l’islam était le principal ressort de ces émeutes ?
![]() La déclaration de Donald Trump, postée sur son site internet, à propos de l’immigration musulmane : « New York, 7 décembre 2015 – Donald Trump appelle à l’arrêt total et complet de l’entrée des musulmans aux États-Unis jusqu’à ce que les élus de notre pays comprennent ce qui se passe. » |
Des lecteurs se sont alors demandé à juste titre comment faire la distinction, parmi les musulmans, entre les islamistes et ceux qui ne le sont pas. Cette tâche, quoique coûteuse en temps et en moyens et exigeante en termes de compétence, est tout à fait faisable.
Par islamistes (en opposition à modérés) j’entends cette portion d’environ 10 à 15 % des musulmans qui cherchent à appliquer la loi islamique (charia) dans son intégralité. Les barbares des temps modernes sont les islamistes et non les musulmans dans leur ensemble. C’est bien eux, et non l’ensemble des musulmans, qu’il faut bannir de toute urgence des États-Unis et des autres pays occidentaux.
Les forces islamistes sont évidentes. Les Taliban, les Shebab, Boko Haram et l’EI portent l’islamisme – idéologie qui vise à l’application rigoureuse et intégrale de la loi islamique – à d’insoutenables excès, semant la violence et la désolation dans leur marche vers le pouvoir. Le Pakistan pourrait passer sous leur domination. En Iran, l’accord de Vienne a permis aux ayatollahs de reprendre leur souffle. Le Qatar dispose du revenu par habitant le plus élevé au monde. En Turquie, Recep Tayyip Erdoğan se mue en véritable dictateur. Les agents islamistes venus de la Méditerranée essaiment en Europe.
![]() L’accord de Vienne conclu en juillet 2015 a permis aux ayatollahs de reprendre leur souffle. |
Mais les faiblesses internes, notamment les querelles et les désaccords, pourraient avoir raison de la mouvance islamiste.
Cependant, cette situation peut-elle durer ? Pour tenter de répondre à cette question, je me suis rendu récemment aux Émirats arabes unis (EAU).
Commençons par préciser certaines données élémentaires. Dénommés États de la Trêve sous l’Empire britannique, les Émirats arabes unis se composent de sept petites monarchies situées en bordure du golfe Persique, qui, lors du retrait britannique en 1971, se sont unies pour former une fédération.
La nature a doublement gâté le pays. Les Émirats sont en effet dotés d’immenses ressources en pétrole et en gaz ainsi que de dirigeants avisés et tournés vers le commerce, qui préservent le pays des mauvais pas et des extrémismes idéologiques, tout en mettant l’accent sur l’économie. Il résulte de tout cela l’image d’un pays plutôt heureux, surtout quand on sait que le sort des travailleurs immigrés s’améliore.
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