Les articles scientifiques expliquent l’importance de cette découverte en ce qu’elle permet de comprendre (enfin) comment les particules élémentaires, qui sont les constituants fondamentaux de l’univers et qui, à l’origine, ont une masse nulle, n’acquièrent leur masse que lorsqu’elles entrent en collision avec ces fameuses particules qu’on appelle «les Bosons de Higgs ».
Ceci confirme également que, ce que l’on considérait comme «le néant» c’est-à-dire un espace vide de tout contenu, est en réalité un « espace » rempli de Bosons. Les masses individuelles ainsi acquises par les particules élémentaires, seraient fonction de la force de collision et de la vitesse de transition de ces particules à travers le «nuage» de bosons…
Voila très modestement ce que j’en ai compris. Maintenant reste à éclaircir, à la suite de cette découverte, en quoi elle nous permet, à nous simples mortels, de mieux comprendre l’origine de l’Univers, selon les hypothèses des physiciens.
Dans un de ses discours « sur l’origine de l’univers », le grand physicien Etienne Klein déclarait : « Inlassablement, la question de l’origine de l’univers se pose à nous. Elle attise notre soif. A l’évidence, quelque chose de très profond se joue là. Mais que cherchons-nous au juste en faisant sans cesse retour sur l’origine ? Parfois certaines réponses métaphysiques ou religieuses semblent étancher notre soif. On les juge crédibles, suffisantes, quasi définitives… Mais assez vite, les mêmes questions resurgissent, irrépressibles : elles se déplacent, changent de terrain, se confondent, s’embrouillent parfois, nous donnant à comprendre qu’elles portent sur une réalité étrange qui excède tout ce à quoi notre savoir immédiat peut répondre… Cette réalité qu’on approche jamais qu’en termes imprécis, comme si le langage, cherchant à l’atteindre, se dispersait immanquablement et ratait sa cible…
« La question des origines apparaît même comme une zone de concurrence, voire de conflit ouvert entre la science, plus précisément la cosmologie scientifique et les religions : les ordres du croire et du savoir entrent en rivalité, exhibant leurs arguments avec autorité, réclamant qu’on respecte « leur territoire »… Affirmer avoir la main sur l’origine, n’est-ce pas revendiquer un certain pouvoir sur les esprits ?… »
En ce qui me concerne, je pense que, comprendre l’origine de l’univers nous aide à mieux comprendre notre rôle au présent, pour mieux extrapoler les conséquences de nos actes sur le futur. Pourquoi y-a-t-il quelque chose plutôt que rien ? Voilà la question fondamentale que nous continuons à nous poser…
Je dois au professeur et psychanalyste Raphaël Draï, agrégé de science politique, d’avoir souligné une réflexion relative à l’origine de l’univers, dans son livre intitulé « Freud et Moïse – Psychanalyse, Loi juive et Pouvoir ». Dans ce livre, Raphaël Draï nous fait relire le premier verset de la Genèse dans sa version hébraïque originale, en respectant non seulement la ponctuation du verset hébraïque, mais aussi sa cantilation : « Au commencement (Béreshit) créa (bara) Eloïm ; le champ des cieux et le champ de la terre (Et ha Chamaïm vé Et Ha Aretz)… »
« Ce verset a donné des océans de commentaires. Il est donné à lire et donc à comprendre que la Création ne s’est pas produite n’importe comment. Le créateur respecte un ordre marqué par la formule à la fois chronologique et causale: En un commencement… Mais en quoi consistait ce commencement ? Fut-il purement physique, sorte d’allusion à un « big bang » de facture hébraïque ? D’après le commentaire d’un midrach, la terre, et plus précisément l’univers ne tiennent pas tout seuls, si l’on peut dire par leur seule vertu. Ils sont fondés : Ce fondement n’est autre qu’une aptitude de l’esprit divin nommé ici « Sagesse » (Khokhma) c’est-à-dire : Savoir prendre conseil… « Lorsque le Saint Béni soit-il créa son univers, il se fit conseiller par la Loi (la Thota) et créa son univers… »
« Le Créateur n’est pas un démiurge omnipotent, cause et effet de soi-même, auto-suffisant. La Loi n’est donc pas ce qui s’impose, mais ce qui s’enseigne.
« La Création fait apparaître Dieu explicitement comme « pédagogue » ; d’où sa position syntaxique dans le premier verset de la Genèse. Ce verset ne dispose pas que « Dieu, au commencement créa l’Univers », formulation qui l’eût placé, lui, comme commencement absolu, cause des causes, début de toute Genèse concevable. Le vocable Elohïm, comme créateur, est placé en tierce position, comme si ce qui importait avant tout, était l’acte du commencement, puis sa modalité (la Création), donnant ensuite sens à la position particulière de l’acteur-auteur ainsi désigné.
« En théologie pure, l’on admettra certes que le commencement ne peut être que de Dieu ; mais ce qui semble compter le plus dans le récit biblique de la création, ce n’est pas cette théologie pure, mais si l’on peut dire, son enseignement éthique. Dans la version hébraïque de la Création, Dieu se place en position seconde vis-à-vis de la Loi qu’il place en première position, intentionnellement.
« D’où ce premier enseignement : Si Dieu lui-même ne fait pas Loi de Soi, mais se fait conseiller, quelle créature prétendra s’ériger en Loi personnifiée, n’écoutant que soi, se refusant à toute mise en question ?
Et qu’en est-il de la relation de l’homme avec la terre?
En ce qui concerne la relation de l’homme avec la terre qu’il habite, le peuple juif est le seul peuple à avoir établi un lien conditionnel. « Que la Justice y règne et ce lien sera confirmé, renforcé, perpétué. Que l’injustice y sévisse et le lien se rompra… Après le déluge, Noé démontre à quel point il avait compris cette conditionnalité. Au sortir de l’Arche, alors que la terre vide et dépeuplée s’offrait à son emprise, Noé édifie un autel et reconnaît dans ces conditions nouvelles, que le Créateur toujours le dépasse… »
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