Le mois d’Av
Tou BeAv : des signes étonnants pour la force de la joie et de l’ amour .
Sortis de la période des 3 semaines ( 17 Tamouz – 9 Av ) appelées Bein Hametssarim , les étroits défilés), nous continuons à arpenter le mois d’Av : ce soir , ce sera le 15, une des journées les plus fastes que le peuple juif ait connue (1) (**) ‘
Les 3 semaines, sont le modèle parfait de notre perception du monde et de notre manière de vivre.
Vue de l’extérieur, cette période est « triste », évocatrice de deuil, de destruction, de souffrance et d’exil.
Mais combien sont étonnants les signes qui accompagnent et suivent cette période : ils évoquent, tous, des notions bonnes, joyeuses, constructives et jusqu’à la délivrance elle-même !
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Le premier jeûne du 17 Tamouz fait allusion à ce qui est bon et lumineux !
Le mot Tov (bon) en hébreu a pour valeur numérique 17.
De plus dans la Torah Tov apparaît la première fois au sujet de l’apparition de la lumière qui a permis le début de la Création du monde En effet, « Tout n’était qu’obscurité et D. dit que la lumière soit….Il vit que la lumière était Tov…… (3)
Aussi le 17 tamouz n’est un jour ‘négatif’ que de l’extérieur car en profondeur , il est le jour du bien et de la lumière.
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Le dernier jour des 3 semaines, celui qui semble le plus négatif est le 9 Av
Là encore la ‘Hassidout nous apprend que le ‘mal’ extérieur dissimule un bien immense
Ce mois s’appelle Av qui signifie ‘le père’. Lorsque nous désignons Dieu par le mot’père’ nous faisons allusion à la qualité du ‘Hessed’ –le bien, la bonté, la pitié et la générosité.
Aussi il est étonnant que ce mois s’appelle Av puisque c’est la rigueur de Dieu qui se dévoile alors
Explication : la rigueur du mois n’est que l’aspect extérieur de l’histoire. En profondeur, un ‘Hessed (amour) immense se cache à l’intérieur de cette rigueur. Malgré la ‘destruction’ Dieu reste notre ’ Père’. Plus encore, c’est précisément la ‘destruction’qui fait apparaître qu’il est notre’Père’; notre travail c’est de le dévoiler
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ALEF-BET . VERITE ET MENSONGE
Les deux lettres de ‘Av’ , alef et bet rappellent les Dix Commandements dont le premier mot est « ano’hi », qui commence par la lettre alef, et le récit de la Création qui débute par un « bet « (Berechit)
Or, le mensonge est l’inversion des lettres de AV. AV c’est la vérité. Car placer le ‘bet’ avant le ‘alef’signifie que l’on accorde plus d’importance à la réalité matérielle (le récit de la Création) qu’au don de la Torah ( les Dix Commandements). Lorque l’homme place le monde matériel au-dessus de la Torah, il ouvre les portes au mensonge.
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Le mensonge, le bet avant le alef, forme le mot ‘bo’ qui fait allusion à Bo el Paro’ (va chez Pharaon ), le ‘bo’ c’est justement le monde de Pharaon, le monde de l’étroitesse (mitsraïm signifie « étroitesse » ) qui asphyxie et étrangle la vérité. A l’intérieur de ce monde, l’homme est esclave de son mauvais penchant et de tous les fantasmes du mensonge.(3)
Av , au contraire, signifie que dans le monde de la vérité, le ‘alef’ de la Torah est au dessus du ‘bet’ de la matérialité.
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Le père
Av, c’est également le «père»; or le devoir essentiel d’un père est de transmettre à ses enfants que la Thora est au dessus de tout.
Le 9 Av, la vérité se dévoile. Si l’on calcule la valeur numérique de 9 Av, on trouve: 9 +1, alef, + 2,bet = 12, Douze, ce sont les douze tribus d’Israël qui seront reconstituées au moment de la Guéoula (Délivrance). Ce chiffre fait aussi référence aux 12 astres qui se réunissent en ce mois et brillent ensemble,
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AV et DAVID « COEUR DE LION »
AV est placé sous le signe astral du LION : grâce à la joie, le juif atteint la puissance du lion et ‘déchire ‘ tous ceux qui s’opposent à lui
Le lion fait allusion à la puissance et à la royauté d’Israël. Dans le midrach , DAVID est appelé’ « lev aryé » cœur de lion »
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PIONNIERS
Lorsque Moïse et les gens des tribus de Gad et de Réouven dialoguent avant l’entrée en Canaan , l’une des expressions qui revient est : « avant-garde ». Les gens de Gad et de Réouven commencent par dire (Bamidbar , Nombres 32,17) : « nous irons en avant-garde devant les enfants d’Israël , jusqu’à ce qu’ils soient installés en leur endroit ». Puis ils disent à Moïse: « Tes serviteurs feront comme monseigneur l’ordonne ; […] nous irons en avant-garde au combat devant Hachem.. » (4)
[… ] Le mot traduit tout au long de ce passage par « avant-garde » et que la Bible du Rabbinat traduit par « armés pour la guerre » , ‘haloutzim, sert à l’hébreu d’aujourd’hui pour dire « pionniers » . Aujourd’hui , il est important sans doute de comprendre [ ] la problématique soulevée par Moïse [ ] :
autant les pionniers (on appelle certains d’entre eux « mitna’halim’ ) doivent savoir que marchant devant Israël , c’est devant Dieu qu’ils marchent ,
autant tout Israël doit savoir – et le sachant en être reconnaissant – que ceux d’entre eux qui marchent devant Dieu pour lui assurer la possession de son pays , marchant devant Dieu , marchent devant lui .(4)
IDENTITE
C’est clair : la présence du peuple d’Israël sur sa terreest une condition sine qua non pour que celui-ci réalise pleinement son identité, à savoir être le peuple théophore, celui qui va témoigner pour tous les hommes de la Présence Divine créatrice du monde et qui y agit en permanence et partout.(4)
LE CONTRAT D’AMOUR
Le 15 du mois d’Av: TOU (teth vav ) Be AV (ce soir), est avec Yom Hakippourim ( YOM KIPPOUR ), le jour le plus faste que le peuple juif ait connu » (traité Taanit, .Raban Chimon ben Gamliel cité dans 1) (1)
A Kippour: pardon de la faute du veau d’or , et don des deuxièmes tables de la loi
Le soir du 9, le mois d’Av vire
Le 15 , la lumière éclaire l’ensemble de la surface (5)
Michna : Rabbane Chimeône ben Gamliél dit :« lo hayou yamim tovim lé Israel ké Tou bé Av Vé Yom Kippour
il n’y a pas eu de fêtes plus joyeuses en Israël que celle du 15 Av et de Yom Kippour » (car c’est le jour où le peuple fut pardonné et où les secondes Tables de l’alliance furent données). (5)
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Tou BeAv : Les filles de Jérusalem
Comme il est décrit dans la michna et à la fin du traité Taânite, pages 30b et 31a (fin de tous les jeûnes !) : A Tou BeAv sont survenus plein d’événements heureux
. » Ce jour-là les mariages entre les tribus d’Israël furent autorisés pendant une génération (cf Bamidbar 36, 6…).(5)
Ce jour-là, yom ché outrou hachévatim léhit’haténe zé ba zé, il fut autorisé à la tribu de Binyamine de se marier parmi tout le peuple et lavo bé qahal, de réintégrer la communauté ( Juges 21, 18…). Et la précision sur l’héritage des femmes (Bamidbar 36,8), vékol bate yoréchéte na’hala. (5)
C’est le jour où les barrages établis par Yéroboâm pour empêcher de monter à Jérusalem, furent supprimés (I Rois 12,29, ; II Rois 18, 4). (5)
C’est le jour où l’autorisation fut accordée d’ensevelir les corps des victimes lors de la prise de Bétar (yom chénaténou bo arougué béitar liqévoura). (… ) Voyez Baba Batra, page 120) (5)
Ce jour-là on arrêtait d’accomplir la besogne lourde et difficile de couper du bois pour l’autel (âtsé hamizbéa’h), car le soleil commençait à briller moins et le bois n’était plus assez sec (Voyez Baba Batra, page 121b).
. Plus que tout, ce jour-là, la joie était grande en tout Israël et c’était un jour très attendu car la société organisait les rencontres pour tous ceux qui n’étaient pas mariés, selon un rituel précis, saint et égalitaire :
toutes les filles de Jérusalem (bénotes Yérouchalayim) et d’Israël qui n’étaient pas mariées s’habillaient de blanc avec des vêtements de tissus qui avaient été passés dans le miqvé. Les robes étaient échangées pour ne pas créer de différence selon la richesse et n’humilier aucune. Les jeunes filles allaient chanter et danser ensemble dans les vignes (bakéramim). Et ceux qui n’avaient pas d’épouse s’y rendaient. (5)
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Le contrat d’amour
Signification de tous ces événements au niveau du peuple:
après des temps difficiles, des crises graves , et même des catastrophes , finissent par surgir des consolations pour Israël
Après des terribles chutes, le peuple se redresse et surviennent des conditions qui permettent sa survie physique et spirituelle .
Après quelques semaines de tristesse , vient le temps de la consolation . Le 15 Av marque la date à partir de laquelle revient la conscience de la pérennité d’Israël .
Il y a un véritable contrat d’amour :
« Tu sauras que l’Eternel ton Dieu est le Dieu fidèle, qui garde l’alliance et l’amour pour ceux qu’il aime » (Devarim- Deutéronome, VII, 9)
» C’est toi qu’a choisi l’Eternel ton Dieu, pour être un peuple – trésor pour lui » .(Devarim ; Deutéronome VII, 6)
C’est un amour, un rapport intime de Dieu et du peuple juif , : Dieu a choisi les ancêtres d’Israël, mais réciproquement ils avaient également choisi Dieu. Abraham a choisi Dieu, et Dieu a choisi les descendants d’Abraham
Un réciprocité entre l’appel de Dieu et la disponibilité d’Abraham (6) » [et celle du peuple juif aujourd’hui}
Peu importe qui a pris l’initiative: l’essentiel , c’est la notion d’alliance, un terme qui est synonyme d’amour . Dans sa longue marche , le peuple juif s’est toujours senti accompagné par Dieu dans la réciprocité de l’amour. Un amour de Dieu qui persiste dans tous les cas à cause de sa fidélité aux promesses faites aux pères ! Dieu a toujours deux fers au feu: le mérite d’Israël, et, à défaut, le mérite des pères. C’est la référence ultime qui explique que pour Israël aucune de ses défaillances n’ a jamais remis en question sa certitude de l’amour divin.(6)
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C’est le peuple qui est unique , et non les individus
Juda Halévi (cité dans 6) parlait d’une « chose divine »implantée au cœur de l’identité d’Israël. Cette prédisposition particulière, il la comparaît à un terreau, en mettant en parallèle le peuple élu et la terre d’élection.(… )Tout comme certains vignobles exigent un terreau particulier, et ne sauraient pousser ailleurs, la terre d’Israël possède des propriétés à nulle autre pareille !
Et de même pour le peuple juif…(6) Si l’on peut considérer Israël comme un peuple particulier – unique, dit la liturgie juive- ce ne peut être que sous l’angle de la collectivité : Israël pris dans son ensemble. Individuellemnt, bien des fidèles d’autres religions sont sans doute supérieurs spirituellement à tel juif, et profondément liés au divin. C’est le peuple qui est unique , et non les individus (6 )
Dieu affirme : Vous serez pour moi un peuple « particulier » parmi tous mes peuples; toute la terre est à moi.( Chemot – Exode 19,5) Israël est choisi parce qu’il a des dispositions particulières d’un projet, d’une stratégie divine qui a consisté à s’attacher les services d’un peuple disponible. (7)
Rien ne serait plus en opposition avec le dessein de Dieu dans l’histoire qu’une attitude religieuse aboutissant à isoler des petites assemblées de fidèles coupées de la collectivité générale du peuple juif. Car c’est le peuple juif en sa totalité, pratiquants et non pratiquants, fidèles et révoltés, qui porte la sainteté de la mise à part par laquelle la Providence conduit l’ histoire. C’est le peuple juif qui est saint, mis à part, et non une collection d’individus aussi remarquables qu’ils puissent être. « La particularité remarquable d’Israël est la sainteté qui appartientà la collectivité, à l’ensemble du peuple juif » (Rav Tsvi Yehouda Kook, Sihot a Rav parachat B, année tashma cité dans 8) (8)
LA TERRE : le secret de la ‘HALA
Quant à l’entrée en Eretz Israël , après deux mille ans d’exil, le peuple juif a eu le mérite de réaliser ce que la génération du désert, qui avait vécu cependant l’expérience des événements providentiels de la sortie d’Egypte, n’avait pas osé entreprendre : la conquête (re-conquête) d’Eretz Israël et la restauration de la souveraineté politique des Hébreux sur leur terre. (7)
Dans la paracha (section hebdomadaire de la Thora) Ekev de la semaine prochaine , où Moïse donne au peuple les grands principes de la foi juive, il énonce que la pratique des commandements a comme but de vivre sur la terre d’Israël: “ Chaque commandement que je vous prescris aujourd’hui vous observerez et vous mettrez en pratique, afin que vous viviez et que vous vous multipliez, que vous entriez en possession du pays que le Seigneur a jurés à vos pères” (9)
Le judaïsme ne demande pas moins à chacun d’entre nous que d’être un digne représentant de D.ieu sur terre. C’est même une mitzva recensée parmi les 613 (mitzva 607 du Sefer Hahinouh). Mais ceci ne pourra s’accomplir pleinement que lorsque le peuple juif sera rassemblé, pour sa majorité, en Israël, et pourra manifester de façon tangible et concrète la présence de D.ieu sur terre par le service au Temple. Ainsi, le peuple juif pourra atteindre un degré de proximité avec D.ieu que seul un époux connaît avec son épouse.
(… )
Si Israël est capable de s’élever spirituellement et de servir D.ieu de toute son âme, de tout son coeur et de tous ses moyens, alors D.ieu ne promet rien de moins qu’un contrat de mariage où Il mettra sa bien-aimée au même rang que Lui, comme il sied à un couple où règne l’amour et le respect de l’autre. Mais tout ceci ne pourra avoir lieu que si D.ieu et Israël se retrouvent dans leur chambre nuptiale, c’est-à-dire le Temple de Jérusalem.
[Seule ]la terre d’Israël possède la capacité de faire consommer le mariage entre D.ieu et Israël.
Pour rentrer sous le dais nuptial, la fiancée doit être nettoyée de toute impureté par le biais du mikvé (bain rituel). Ce que permet justement Eretz-Israël, c’est cette purification. “Et la terre apaisera son peuple” (Devarim, 32, 43).
La Terre d’Israël a été sanctifiée par D.ieu dès le début de la création. La terre d’où est sorti Adam Harichon provenait d’Israël. De la même façon qu’un homme pétrit le pain à partir de la pâte, de cette façon D.ieu a crée l’homme en le « pétrissant » avec la terre d’Israël. C’est le secret de la hala, sur laquelle on doit prélever la dîme pour la consacrer à D.ieu.
La Terre d’Israël possède cette vertu de sanctification de l’homme, car elle a été prélevée par D.ieu à part des autres territoires pour consacrer l’homme. Seul Eretz-Israël possède cette capacité de sanctifier le matériel, car c’est à partir d’elle que D.ieu a sanctifié ce qu’il y a de plus élevé dans la création : l’homme.
Ainsi, seule la terre d’Israël pourra donner naissance à la prophétie, qui est le le lien le plus élevé de l’homme avec D.ieu.
C’est pour cela que D.ieu déclare que seulement en Israël « les yeux du Seigneur ton D.ieu sont fixés constamment, du début de l »année à la fin de l »année » (… ) Et quelle est la plus grande joie du Fiancé face à sa bien-aimée (c’est-à-dire Dieu et l’Assemblée d’Israël). Lorsque ceux ci se regardent dans les yeux et disent leur amour l’un pour l’autre, sans honte.(9)
Nous sommes là ! Nos prophètes n’ont pas entretenu nos espoirs en vain. Notre génération a le bonheur de voir « des vieillards assis sur des bancs dans les jardins de Jérusalem, devant lesquels jouent des enfants en riant ». « Et c’est aussi notre génération qui entend les chants de joie et d’allégresse, les exclamations du ‘Hatan et de la Kala’ (10)
Il est donc INTERDIT d’être TRISTE dans tout le mois d’Av !
Au contraire il faut multiplier la joie dans l’esprit et le but de chasser toutes les forces de l’obscurité et du mal
Pierre Caïn, Jérusalem, pour Tou BeAv , 14 AV 5772 2 aout 2012 Beaucoup de bonheur à tous les nouveaux mariés
Références
1 Rav Ben Ichaï Le 15 Av le ptit hrbdo , n°62 11Av 5762 20 juillet
2. Dvar Malkhout, Goûter l’infini Rav Haim Dynovisz n°116 2aout 2003 Les trois semaines
3 Rav Haïm Dynovisz , le ptit hebdon°167 9av 64 21 juil 04
4 Rav E Simsovic Pionniers devant Dieu et devant Israë , le ptit hebdo n°60,26 tamouz 5762 6juil 2002)l
5 Yehoshua Ra’hamim Dufour Site Modia .org
6 Josy Eisenberg , Benno Gross Le testament de Moïse Ed Albin Michel 15e entretein p. 202-203 -204
7 Yehouda Léon Askenazi (Manitou ) Ki Mitsion II , p. 295
8 Abraham Livni Le retour d’Israëlet l’espérance du mondep.96-97
9 Rav Mordekhaï Chriqui et Dr Avraham –Gilles Morali, l’Essence de la Torah , Devarim ,Ticha Beav )
10 Rav Haïm Dynovisz le ptit hebdo n°116 4av 63 2août 03 Chabat ‘HazonLemois de Av
**dernière Michna de Taanit au nom de Raban Chimon ben Gabriel , cité dans 2)
Info’SION Torah Jérusalem-capitale (Israël) Pierre CAIN
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