Ilan Halimi – 8 ans déjà, hier…

de Deborah Goldman sur FaceBook

Cette année, j’ai décidé de ne pas en parler.
– Non, je ne parlerais pas de cette blessure du passé qui remonte inexorablement à la surface, à la date anniversaire de sa mort.
…Il serait sûrement amoureux, malheureux puis heureux et voudrait vieillir auprès d’elle…
– Non, je ne ferais pas de mise en scène scabreuse pour exprimer que tout cela, au fond tout ça, ce n’est pas anodin, c’était prévisible, comme le symptôme d’une maladie bien plus profonde qui nous piétine encore.
…Il serait sûrement marié, puis vivrait les habitudes d’une vie à deux, puis à trois, puis à…

– Non, je n’interviendrais pas pour vous dire que ce qui est arrivé devrait vous mettre sur la voie et vous réveiller. Non je ne le dirais pas, ni ne le penserais d’ailleurs. Car je ne chercherais pas à vous convaincre… Ah quoi bon ?! Vous êtes assez conscients, en France, du mal qui vous ronge.
…Il aurait sûrement fait grandir une famille, pris un crédit, dit à sa femme au revoir le matin…
Non, je ne manquerais pas de pudeur et de retenue en disant que je suis toujours aussi horrifiée en rappelant les faits, ces tortures, l’humiliation, la durée des sévices, la cruauté sans nom, la longue cruauté qui ne s’arrêta que pour l’achever. Le temps ne me calme pas, Il me fait vieillir, certes, mais il ne me calme pas !
… Il aurait hésité, monter ou pas en Israël ? Puis il serait venu inquiet, puis reparti et revenu pour enfin trouver sa place comme vous la votre…
– Non, je ne vous jugerais pas en vous posant cette question qui fait mal. Pourquoi rester dans le pays qui vous a volé vos ambitions ? Et à la place, j’essayerais de vous excuser en comprenant que votre vie en France vous suffit. Alors qu’hier… Alors qu’il y a 8 ans… Alors qu’à Toulouse… Alors que vos enfants… Alors qu’au fond de vous…
…Il aurait jeûné les jours de peines, chanté les jours de joies, espéré, prié, oublié puis recommencé…
– Non, je n’hurlerais pas une fois de trop en lisant l’histoire d’Ilan Halimi, torturé en France parce que juif !
J’en ai déjà assez dit. Et je préfère garder une belle image sereine et libérée de ce beau jeune homme.

Alors j’ai allumé une bougie…

« Et moi j’ai pris
Ma tête dans ma main
Et j’ai pleuré »

8 ans déjà, hier…